Introduction
Les présents travaux exposent les premiers résultats et leurs interprétations d’une thèse en cours portant sur la place des militaires dans l’espace public urbain français agissant dans le cadre du plan Vigipirate et de l’opération Sentinelle. Cette dernière est une opération intérieure qui consiste à déployer des forces militaires en ville et à proximité de sites spécifiques dans le cadre du plan de lutte anti-terroriste Vigipirate. Concrètement, ce déploiement se caractérise par des patrouilles mobiles à pied (et parfois en véhicule) ou par des dispositifs de surveillance statiques devant et autour de ces sites. L’opération Sentinelle vise à dissuader, à prévenir et à répondre à toutes formes de menaces terroristes pesant sur l’espace urbain, et plus particulièrement sur certains sites jugés sensibles par le pouvoir politique, notamment les lieux symboliques et les lieux d’affluences. Bien évidemment, ces militaires équipés et armés ne passent pas inaperçu dans l’espace public auprès des citadins. Isaac Joseph, à propos de la dramaturgie goffmanienne, explique que la prestation d’une personne qui exerce une activité de service « peut afficher avec ostentation les attributs du rôle, [et] s’en tenir au laconisme imperturbable du professionnel qui remplit son contrat » (Joseph 2003, 60). Il est parfaitement pertinent de remobiliser ces termes concernant les patrouilles Vigipirate/Sentinelle, car l’ostentation du rôle par le corps et l’imperturbabilité dans l’attitude les placent au centre de l’attention sur la scène publique.
Dans la mesure où je suis moi-même militaire de réserve1 dans l’Armée de Terre française, j’ai ainsi pu expérimenter le regard et les différentes attitudes des citadins à « notre »2 égard lors des patrouilles dans le cadre de ces missions. Il me semble plus cohérent de parler de participation observante que d’observation participante. A propos de la participation observante, Dominique Schnapper explique parfaitement cela lorsqu’elle écrit « Loin d’avancer masquée en me faisant passer pour un membre du groupe, j’étais réellement membre du groupe. S’il ne faut pas que le sociologue devienne un indigène, comme nous l’enseignent les manuels d’anthropologie, il se trouvait que j’étais un indigène. » (Schnapper 2010, 15). Lorsque je suis en mission Vigipirate/Sentinelle, je n’adopte pas les réflexes du chercheur mais ceux du militaire, pensant à son rôle et à sa mission. André-Frédéric Hoyaux souligne que « l’acteur est et fait avec le monde, “il agit”, il a des intentions, il a des réflexions (stratégiques notamment), il se construit par son activité, sa corporalité, son corps. Il est disposé avec un espace, parmi d’autres acteurs, au sein de temporalités » (Hoyaux 2008, 29). Comme acteur j’implique donc directement mon propre corps, éprouvant ainsi personnellement le vécu des patrouilles. Il faut pourtant se garder de « croire que le chercheur puisse s’extirper de sa glaise d’affectivité, de points de vue, d’idées pré-conçues, et de pouvoir ainsi être ce marbre de neutralité objective » (Hoyaux 2008, 35). C’est pourquoi j’ai adopté la démarche ethnographique afin de coller au réel situé de l’action de ces patrouilles ; il faut ainsi donc accepter que « l’atome logique de l’analyse » (Boudon 1979) soit celui de mon vécu individuel permettant une intelligibilité du singulier. C’est donc à partir de situations rencontrées lors des missions qu’il sera ensuite possible d’effectuer un retour sur soi/moi, d’adopter une attitude réflexive sur ce qui s’est passé, s’est dit, etc. Il est important d’ajouter qu’il n’est pas possible d’être simultanément un acteur (qui participe) et un observateur (de soi et des autres), et comme « il est difficile de jouer les deux rôles en même temps. L’une des solutions consiste à les séparer dans le temps » (Hughes, s. d., 275). Cette réflexivité, ou « activité de retour sur soi d’un individu sur ce qu’il est et ce qu’il fait », en l’occurrence dans une « démarche de connaissance qui porte sur l’action cognitive et ses acteurs » (Lussault, s. d.b, 850) n’empêche évidemment pas de prendre des notes (discrètement) in situ, dans la mesure où elles consistent à revenir sur les situations vécues. Une situation, est un « espace-temps défini conventionnellement où deux personnes ou plus sont coprésentes ou communiquent et contrôlent mutuellement leurs apparences, leur langage corporel et leurs activités » (Joseph 2003, 124) où il y a parfois une interaction qui « implique également une symbolique corporelle » comme « les regards, les mimiques, les gestes, les postures, la distance à l’autre » (Le Breton, s. d., 54). Justement, les différentes attitudes corporelles des citadins trahissent la façon dont ils peuvent considérer la présence de ces militaires. Comme le précise Michel Lussault, chaque acteur « possède une spatialité propre, spécifique, construite dans l’action » (Lussault, s. d.c, 948). Une spatialité propre induite notamment par le corps car il « est un référent, un repère ; [qui] permet à chaque membre d’une société de se situer dans l’espace, de se désigner, de s’identifier en tant que sujet, en tant que matérialité de soi » (Barthe-Deloizy 2011)3, et constitue alors un objet d’interprétation du rapport qu’entretiennent citadins et militaires. Il s’agit donc de poser ici un regard sur les spatialités des citadins et particulièrement sur le rôle de l’équipement des militaires lors des situations d’interactions. L’équipement des militaires, cet ensemble d’éléments et d’objets dont dispose une personne pour une activité, semble jouer un rôle important dans le rapport que peuvent avoir les citadins à leur égard. En situation, « l’ensemble de ces actions est également médiatisé par les mises en scène comme présentation de soi aux autres, par les artifices d’extension du corps, ce “d’où je suis” rendu visible par les habits, par les gestuelles » (Hoyaux 2015, 4). Aussi, et afin d’illustrer la place que tient le corps équipé des militaires dans le jeu interactionnel, je propose de présenter ce rapport citadin/militaire sous trois aspects. Le premier présente le régime de visibilité des militaires dans l’espace public comme paradoxe (uniforme et essence du soldat), le second s’attarde plus spécifiquement sur le regard des passants portés sur l’arme des militaires en patrouille, et enfin le troisième expose les jeux de distances physiques et symboliques (déplacement, rapprochement, éloignement, évitement, arrêt, etc.) ou les mouvements (presque chorégraphiques) adoptés par les passants qui ont pu être observés en situation. L’ensemble des éléments qui seront présentés ci-après s’appuient soit sur des observations (in situ ou non) retranscrites telles quelle dans mon carnet de terrain, soit sur des entretiens réalisés auprès de citadins (en tenue civile), notamment en gare de Bordeaux St-Jean.
La mise en visibilité : le paradoxe du combattant
La présence de militaires dans l’espace urbain souligne un paradoxe relatif aux réflexes du militaire. En effet, leur uniforme vert bariolé renvoie à un autre espace où ils tentent habituellement de s’y dissimuler. Cependant, le camouflage détonne avec l’espace urbain où ils sont déployés dans le cadre des missions Vigipirate / Sentinelle. La mission qui leur est attribuée semble paradoxale dans la mesure où ils doivent se montrer et s’inscrivent alors dans un régime de visibilité qui est antagonique avec l’essence de leur métier. Autrement dit, ce qui par réflexe tend à se cacher est désormais mis en lumière.
Afin d’expliciter la mission des forces armées, un général français expliquait qu’il est de coutume de présenter la mission Vigipirate/Sentinelle aux unités déployées de la façon suivante : « On vous a appris qu’il fallait “voir sans être vus” ; ici il vous faudra “voir et être vus” ! On vous a appris qu’il fallait “tirer sans être tirés” ; ici il vous faudra “montrer votre arme pour ne pas s’en servir” » (Dary 2007, 2). Autrement dit, il s’agit de rendre visible ce qui par essence tend à l’être le moins possible. La dissimulation aux vues de l’ennemi (le camouflage) fait partie de ce que l’on appelle les actes réflexes du combattant. Le camouflage implique entre autre de choisir le ou les emplacements adéquats, de s’adapter au terrain et à l’ambiance (jour / nuit). La tenue de combat des militaires français concourt également au camouflage individuel des soldats. Ils disposent aujourd’hui d’un treillis bariolé, formé de grandes taches de quatre couleurs : beige, noir, vert et marron, qui vise à confondre le soldat dans un environnement boisé ou de campagne. Comme le souligne une équipe de chercheurs (du Centre d’Etudes en Sciences Sociales de la Défense), « les armées utilisent la couleur de leur territoire de compétences (…). La couleur est d’abord celle d’un territoire. La couleur qui les distingue permet de les confondre avec un espace et d’organiser leur invisibilité » (Sauvage 2001, 33‑34). Parce que la tenue des militaires répond d’abord à une fonction, elle participe directement à l’accomplissement de leur mission. Dans le cadre des missions Vigipirate  / Sentinelle qui ont lieu dans des espaces urbains, cette fonction essentielle de camouflage, en plus de devenir caduque, est détournée. Ils sont d’autant plus visibles hors de leur « territoire de compétences » car ils contrastent avec le milieu urbain. Leur tenue détonne avec l’environnement urbain et s’inscrit alors dans un régime de visibilité. Michel Lussault explique que « le besoin de rendre visible l’action légitime sur l’espace légitime pousse à instrumentaliser sans cesse l’espace matériel » (Lussault, s. d.d, 1091). En l’occurrence, cet espace matériel se situe sur le corps même des soldats en patrouille. Ainsi, la mise en visibilité des militaires est un de ses principaux objectifs des missions Vigipirate / Sentinelle auxquelles ils participent. J’ai effectivement pu constater que nous ne passions effectivement pas inaperçus lors de nos patrouilles. A l’aéroport Nice Côte-d’Azur en 2013, je soulignais le regard des passagers qui mêle fascination et défiance. Voici quelques remarques entendues :
« Tu as vu les militaires ! » (Une mère à son fils — supposé)
« Regarde, ils sont là pour te protéger » (un père à son fils — supposé)
« Tu as vu ? » (à un enfant)
Même s’ils étaient tous adressés à des enfants, ce qui me donna alors véritablement le sentiment d’être une bête de foire ou de faire partie d’un spectacle, ces propos montrent deux choses : la première, c’est qu’effectivement les militaires suscitent l’attention des citadins, et la seconde, c’est que les personnes concourent par elles-mêmes à les mettre en visibilité en les désignant auprès de leurs proches. Ils attirent les regards, puis par effet domino les citadins s’invitent (entre eux) à les regarder. Plus encore que ces propos tenus « entre-soi » où les citadins s’adressent les uns aux autres pour se signaler notre présence, certains réagissent ouvertement et explicitement à notre encontre. Mes notes de terrains à la suite d’une mission à la gare de Nantes en 2014 illustrent cela :
« Une situation présente l’exemple de ceux qui, à la gare, assis en terrasse, avaient l’habitude (disons, l’idiotie) de lever les mains devant les militaires afin de leur faire comprendre qu’ils n’étaient pas coupables. Les regards du trinôme scrutant n’importe quoi et n’importe qui, certains se sentaient obligés de “montrer pattes blanches”. Ce geste symbolique, qui confond humour et moquerie, avait généralement pour effet d’énerver mon trinôme, de perturber leur concentration ainsi que leur travail de décodage, de surveillance, et de vigilance. » (Nantes - 19/10/2014)
Cette attitude souligne que certains cherchent à nous montrer qu’ils nous voient. Cette démonstration, qui attire notre regard et retient notre attention, produit alors une interaction non-verbale qui traduit notre visibilité. Fonctionnant comme un miroir, ce « je montre que je vous vois et je souhaite que vous le remarquiez » expose cette mise en visibilité théâtrale. A l’inverse des deux cas précédents, certains ne cherchent pas à nous examiner ou à montrer qu’ils nous voient mais tentent de fuir notre présence par leur attitude. Lors d’une mission à l’aéroport de Nantes en 2014, je soulignais dans mes notes cette fuite sur soi-même :
« Une jeune fille (16-18 ans) passe le contrôle transfrontière et remarque notre présence. Immédiatement, celle-ci baisse la tête et accélère légèrement le pas afin de ne plus avoir à nous voir ou nous avoir à proximité. Au regard de son attitude, un membre de mon trinôme s’adresse à elle (presque d’une façon moqueuse), en lui disant, “Il ne faut pas avoir peur mademoiselle…”, celle-ci lui répond, à voix basse, presque de façon étouffée, “Non, non…”. On ressent tout de même le malaise de la jeune femme, lors de son passage. Après coup, on ne saurait pas vraiment dire s’il s’agit d’un malaise ou d’une forme de timidité. Mais en situation, mon trinôme et moi-même l’avons ressenti comme une forme de malaise vécu chez cette jeune femme. Plus communément, les voyageurs s’attardent sur nous de façon brève et fugace. Oralement, cela se traduit par un “bonjour”, gestuellement, par un hochement de la tête ou un sourire. » (Nantes - 17/10/2014)
Cette jeune fille, repliée sur son propre corps et fuyant son environnement immédiat afin de mettre de la distance entre elle et nous, montre un troisième aspect de notre visibilité : il n’est pas possible de nous éviter. Bien qu’il faille cependant préciser que notre position statique dans l’aéroport juste après le poste aux frontières impliquait que les voyageurs passent juste devant nous. Or, quand la plupart des voyageurs nous adressent un regard ou un mot de politesse, certains font mine de ne pas nous voir. C’est pourquoi le malaise de cette jeune fille que présentait sa réaction corporelle souligne aussi notre visibilité. Elle n’avait pas besoin de parler pour exprimer qu’elle nous avait vus, qu’elle ne pouvait pas ne pas nous ignorer.
Par leur visibilité, ces patrouilles irradient l’espace public anonyme et articulent alors des situations événementielles dans l’environnement des citadins. Ces différents comportements de désignation, de raillerie ou de renfermement sur soi sont l’expression de la visibilité des militaires et de la mise en scène de leur « territoire de compétences ». Selon les perceptions et les représentations individuelles, chaque attitude peut être interprétée comme renvoyant à des référentiels différents des militaires en général : respectivement la protection, la dérision (le « territoire de compétence » étant reconnu mais tourné en dérision compte tenu de la place que les militaires occupent en gare : jouant un rôle de Police ?) ou l’intimidation. Ces comportements sont, pour les premiers, à l’origine d’une production de discours, pour les seconds, le prétexte d’une interaction focalisée et pour les troisièmes, une perturbation dans la progression attendue de leur environnement. Toutes les attitudes observées lors de ces micro-situations traduisent l’écho du degré de visibilité des militaires dans l’espace urbain, ainsi que les représentations individuelles que chaque individu a « du » militaire.
L’arme : l’objet de tous les regards
Cette visibilité, je l’ai évoquée, est notamment due à l’équipement des militaires. Outre la tenue qui renvoie à un « territoire de compétences », les militaires en patrouille sont harnachés de tout un attirail. C’est aussi cela que remarquent les citadins. En effet, en plus de l’uniforme on peut aussi compter le gilet pare-balle, le gilet de combat (qui contient lui-même des chargeurs, une radio, une trousse de soins, une matraque, une bombe lacrymogène…), les gants, un casque lourd, une musette, parfois une arme de poing, mais aussi et surtout l’arme de dotation : le FAMAS (Fusil d’Assaut de la Manufacture d’Armes de Saint-Etienne). Parmi l’ensemble des éléments que les militaires portent, c’est ce FAMAS qui est le plus remarqué. C’est par son truchement que beaucoup d’interactions ont lieu. On considérera leur arme comme un actant, c’est-à-dire une « réalité sociale, humaine ou non-humaine, dotée d’une capacité d’action [qui] participe à la dynamique et à l’organisation d’une action individuelle ou/et collective, qui est active dans un processus social, qui opère des actes  » et plus encore, qui « peut être doté, par lui-même ou par les autres, d’une essence, c’est-à-dire d’un discours de fiction » (Lussault, s. d.a, 51). Comme le souligne Wolfgang Sofsky (1998) dans son Traité de la violence, « l’arme est aussi porteuse de significations, elle a une valeur culturelle. Elle est tout à la fois violence matérialisée et violence symbolique ! » (Sofsky 1998, 29). Il ajoute que l’arme n’est rien sans la formation du soldat, autrement dit ses « capacités d’en user : le savoir et le savoir-faire ». Lors de missions Vigipirate, les soldats ne peuvent évidemment pas mettre en œuvre les savoir-faire qui font leur spécificité, il s’agit donc surtout de rendre visible la force en puissance du soldat. À partir d’exemples rencontrés en situation, je suggère d’illustrer la place prégnante de l’arme dans les interactions entre citadins et militaires.
Si les patrouilles sont mises et se mettent elles-mêmes en visibilité dans l’espace public, l’arme est également mise en visibilité par les militaires. Pensée ou non, la manière de patrouiller ne dépend pas des soldats car chacun d’entre eux, avant le déploiement en mission, suit des rappels sur la façon de patrouiller et de porter l’arme. Ces postures, manières de tenir une arme en général, sont d’ailleurs clairement notifiées : à la relâche (arme maintenue uniquement par la sangle autour du cou), la patrouille (arme maintenue avec les deux mains, le canon généralement orienté vers le sol), dans la saignée du bras, portée ou présentée… À ces postures s’ajoutent toutes les façons réglementaires de manipuler l’arme4. Et c’est notamment cette manipulation par les militaires qui est remarquée. Ainsi, je rapportais dans mes notes de Nantes en 2014 la situation suivante :
« Au début d’une seconde patrouille effectuée le matin, étant chef de trinôme, j’approvisionne5 mon arme. Au même instant, une femme passe non loin de moi et regarde avec insistance (voire stupeur) ma gestuelle (ISTC). Elle ne me regarde presque plus, ses yeux fixent mon arme et le geste que je suis en train d’effectuer. » (Nantes - 16/10/2014)
Ici, l’attention de la personne est polarisée par notre arme. En France, l’occasion de voir des armes de guerre est assez rare en ville, et de les voir manipulées l’est d’autant plus6. La manière dont cette femme regardait mon arme être manipulée m’a amené à me demander si je ne devais pas le faire de façon un peu plus discrète. J’avais l’impression sur l’instant d’avoir choqué cette personne. D’autres observations viennent appuyer l’idée que l’arme est au centre de l’attention. Lors d’une mission à l’aéroport de Nice en 2013, je relevais la réaction de passagers venant d’arriver en France :
« Deux jeunes anglophones arrivent à Nice et sortent du terminal, nous croisent et voient notre armement. Leurs regards ne quittent pas l’arme : “Oh my god, it’s scary !” » (Nice - 31/05/2013).
Puis plus tard, je généralisais l’attitude des passagers :
« Lorsqu’un passager nous a vus, il nous regarde généralement en deux temps. D’abord, c’est l’homme dans l’ensemble qu’il regarde, puis et surtout c’est l’arme. À partir de là, on sent chez certains que les patrouilles posent un malaise au lieu d’un réel effet positif » (Nice - 10/06/2013).
Le regard soutenu ou les réactions de « peur » (si tant est que l’on puisse réellement qualifier cela de peur, sinon d’anxiété, d’angoisse ou de surprise) témoignent de la force symbolique de l’arme qui semble renvoyer à la violence. Plus que la force symbolique qu’elle renvoie aux individus, l’arme occupe une place prépondérante dans la perception des militaires au point que ces derniers semblent ne plus vraiment être au cœur de l’attention. En 2015, pendant un entretien, j’invitais les enquêtés à faire une comparaison avec la Police :
« (Justement, qu’elle distinction vous faite entre la Police et les militaires. Parce que la Police aussi est armée ?) La Police ça me gêne moins. Déjà leur arme on la voit moins […]. [Puis, elle m’explique que ce ne sont peut-être pas les militaires mais davantage les armes qui l’inquiète]. C’est l’arme, je suis inquiète. […] En fait, je crois que c’est l’arme. Oui, c’est l’arme ! C’est pas les militaires en soit. » (Entretien : 04_20150317_Us_C_N, Bordeaux - 17/03/2015)7
« Après c’est impressionnant quand on les voit. (Vous pouvez développer ?). Bah leur arme surtout, ils sont assez équipés. (Mais la Police aussi est équipée…). C’est pas pareil, ils sont plus impressionnant. La Police c’est pas comme les militaires. » (Entretien : 08_20150324_Us_C_N, Bordeaux - 24/03/2015)
Plus impressionnante, plus grande et donc plus visible, la première personne interrogée sous-entend même qu’il ne s’agit pas tant des militaires qui peuvent la déranger mais que c’est leur arme. Le FAMAS porté par les militaires ne se prêterait donc pas à une mise en scène dans l’espace public. Mais plus en encore, la perception qu’en ont les citadins est parfois détournée et retravaillée. Lors de cet entretien à la gare de Bordeaux, je décidais d’interroger les personnes travaillant au sein de la gare :
« Bah la première fois j’étais quand même assez impressionnée parce qu’ils ont quand même des, des, des… des fusils quoi. (Ouais). Ils sont quand même heu… (C’est les armes qui vous…). Oui. Ils ont des armes (oui, oui), donc c’est vrai que c’est impressionnant. (Ouais. Enfin, je pourrai vous faire la remarque un peu bête mais les policiers aussi ils ont des armes ?). Oui, oui, oui, mais là c’est des armes… c’est des pistolets qu’ils ont les policiers dans la poche (oui), là carrément c’est, c’est [imite le geste du “portez arme”] (le fusil ?), la mitraillette quoi ! Je sais pas comment dire [rire], c’est difficile quoi (d’accord), c’est impressionnant ! » (Entretien : 02_20150311_Tr_L_A, Bordeaux – 17/03/2015)
Ici, ce qui est particulièrement intéressant à relever c’est que la personne enquêtée mime la posture qu’elle pense être utilisée par les militaires en patrouille. Le geste du « portez arme » qu’elle imite est utilisé uniquement lors des parades ou cérémonies militaires (comme lors du défilé de la fête nationale française le 14 Juillet où les différents corps d’armée défilent sur les Champs Elysées). Le « portez arme » figure le FAMAS en position devant le corps, avec la bouche du canon orientée vers le ciel, tandis que la posture « patrouille » usitée lors des missions Vigipirate / Sentinelle présente l’arme devant le corps avec la bouche du canon orientée vers le sol. Ce qu’il est intéressant de souligner ici, c’est que la personne enquêtée a calqué les images qu’elle avait des militaires (ceux qu’elle avait potentiellement pu voir à la télévision lors des cérémonies) à ceux qu’elle croise régulièrement lors des patrouilles. Bien que l’arme soit au centre de son attention, en prétendant que c’est ce qui l’a le plus impressionné, cette confusion montre d’abord que ce sont des représentations du militaire en arme que les individus conservent.
La mise en scène de l’arme devant le corps des militaires en patrouille, la focalisation des citadins (pour presque en oublier le militaire) et les représentations mentales qu’ils en ont, montrent bien que l’arme comme actant joue un rôle important dans la perception puis les représentations que se font les citadins des militaires. On peut également supposer que cela renvoie à un imaginaire du militaire, c’est-à-dire à un « ensemble d’“images mentales” en relation qui confèrent une signification et une cohérence à l’interaction de phénomènes dans l’espace » (Debarbieux 2013, 534). La visibilité des militaires par les citadins déclencherait ainsi un retour à des faits sauvegardés ou entreposés, connus par une perception ou une expérience antérieure. Et c’est sur cet ensemble d’images mentales que les citadins font sens. En cela, l’équipement du corps des militaires mobiliserait en situation les imaginaires et les univers de sens (référents de la violence) dont disposent les citadins. Les imaginaires et les univers de sens véhiculés par le/s militaire/s peuvent concourir à l’élaboration de l’espace vécu des individus.
Situations d’interactions et jeux de distances
Réactions, attitudes ou comportements, cet espace vécu en situation de coprésence avec les militaires se traduit au travers du corps des citadins que ce soit lors d’interactions focalisées avec les militaires, où l’attention entre les individus résulte d’un processus de communication, ou lors d’interactions non-focalisées, c’est-à-dire qui « appartiennent à la sphère des informations prélevées dans un champ de visibilité, elles relèvent de l’expérience routinière du passant » (Joseph 2003, 76). Ces différents mouvements du corps, qu’il s’agisse d’ailleurs autant de ceux du citadin que de ceux du militaire, donnent ainsi à voir des façons d’être avec les autres, avec l’espace et au monde. Ces chorégraphies situationnelles reposent d’abord sur un agencement des corps les uns par rapport aux autres. Par chorégraphie, j’entends un mouvement corporel normé qui cherche à donner le « bon ton » dans l’interaction. Les patrouilles de militaires à pied fonctionnent généralement par trois. Le trinôme s’agence et progresse de façon normée, en formant un dispositif corporel en triangle (Oldra 2014, 2015), mais se laisse la possibilité de s’adapter aux situations sociales et spatiales rencontrées. Selon moi, c’est ce dispositif de corps agencés qui oriente les situations d’interactions avec les citadins. Comme le souligne Michel De Certeau, l’acte de marcher a « une triple fonction “énonciative” » (De Certeau, s. d., 148) d’appropriation, de réalisation et de relation socio-spatiale. Une lecture du corps des citadins peut alors se faire au prisme du dispositif corporel de militaires qu’est la patrouille. C’est donc d’abord par des jeux de distances entre les corps que se formalise ce rapport entre citadins et militaires. Je remarquais lors d’une mission à la gare de Nantes la situation dans laquelle un usager interpellait un agent SNCF (Société Nationale des Chemins de Fer Français) discutant avec les policiers accompagnant la patrouille de militaires :
« […] Lorsque l’usager a interpellé l’agent SNCF pour lui poser [cette] question, il n’a pas osé passer entre les militaires. Il s’est littéralement arrêté avant, et s’est presque penché pour poser sa question. C’est l’agent SNCF qui a contourné légèrement la police pour lui répondre. » (Nantes - 16/10/2014)
La conservation des distances et les manières d’être et d’agir socialement et spatialement illustrent une situation type se déroulant dans l’espace public. Plus encore, on retrouve lors des entretiens réalisés avec les usagers de la gare St-Jean, ce jeu de distances inter-individuelles, pour des motifs cependant plus directement liés au rôle et à la place des militaires dans l’espace public :
« (À quoi pensez-vous lorsque vous les voyez ? Qu’est-ce qu’ils vous évoquent ?) [En riant] La première chose, je me dis toujours une balle perdue quand même. [L’enquêtée m’explique qu’elle craint qu’il arrive un accident avec les armes des militaires]. En fait, c’est d’eux que je m’éloignerai le plus facilement. » (Entretien : 04_20150317_Us_C_N, Bordeaux - 17/03/2015)
« (Et vous personnellement, vous préférez les savoir à proximité ou plutôt à distance de vous ?) Heu… à distance mais… ça m’est égal parce que franchement je… (Mais vous m’avez dit à distance, mais vous sauriez dire pourquoi ?). À distance parce que… [rire], comme d’habitude, les gens ne veulent pas être dans un… le même cible que si quelque chose vraiment passée, vous voyez… (Oui, d’accord ok). Si vous êtes vraiment heu… dans un mauvais point quand ça commence de éclate, si quelque chose commence de arriver ou des éclater, bien sûre vous voulez pas être dans un même zone et tout ça, mais… je suis sûre qu’ils sont professionnels, et ils savent quoi faire si ça arrive, voilà, c’est ça… (ok). » (Entretien : 05_20150319_Us_C_A, Bordeaux - 19/03/2015)8
Les considérations des personnes interviewées à propos des distances qu’elles tiendraient envers les patrouilles de militaires, en stipulant notamment que « c’est d’eux que je m’éloignerai le plus facilement » ou « bien sûre vous voulez pas être dans un même zone », se retrouvent-elles en situation ? Mes premières observations m’avaient permis de déterminer différents types de comportements en réaction à la rencontre des patrouilles (Illustration no1).
En m’appuyant sur les travaux de Edward T. Hall (s. d.) sur la proxémie, et de Erving Goffman (1973) sur les territoires du moi qui « gravitent autour de l’ayant droit » (Goffman 1973, 44), je suggère d’illustrer les cas de « l’arrêt » et de « l’évitement » pour terminer enfin sur un exemple d’interaction focalisée. L’essentiel des observations fut réalisé à la gare de Bordeaux Saint-Jean en 2014.
L’arrêt
Les réactions les plus fréquemment observées lorsque des citadins croisent des militaires, c’est ce que l’on peut caractériser par un temps d’arrêt. Parfois, il s’avère extrêmement bref et même presque imperceptible, certains citadins vont simplement marquer ce temps puis reprendre leur progression normalement, tandis que d’autres enfin vont littéralement attendre que la patrouille qui progresse à leur encontre les dépasse pour ensuite poursuivre leur chemin. C’est cette dernière situation que je souhaite illustrer. Je schématisais en trois temps la situation (Illustration no2) et notais les éléments contextuels :
« […] devant la façade du bâtiment se trouvent dans l’ordre : un banc en béton immobile, un petit espace de passage et la route sur laquelle se garent les taxis. Entre la façade et le banc, il n’y a guère la place pour passer s’il on est plus de deux. La femme, se trouvant entre le banc et un taxi, ne laissait plus beaucoup de place à la patrouille pour passer. Au lieu de s’asseoir, ou de se plaquer contre le banc, ou contre le taxi, elle choisit de ne pas bouger : laissant le soin aux cinq personnes composant la patrouille, de se faufiler autour d’elle. » (Bordeaux — 25/09/2014)
A l’arrivée de la patrouille (1), l’individu s’immobilise et laisse alors le soin aux militaires et aux policiers9 de passer autour de lui (2), jusqu’au passage complet de la patrouille (3). L’interprétation retenue est la suivante : ne pas bouger pour ne pas avoir à faire de mauvais gestes, et ainsi limiter le risque de gêner la patrouille. L’immobilité des individus, c’est la crainte de faire le mauvais choix, de mal agir même si l’on voulait faire bien, c’est s’en remettre à l’autre afin d’éviter une gêne possible.
L’évitement
L’évitement consiste, pour un citadin, à ne pas rentrer dans le dispositif corporel en triangle de la patrouille (contrairement à la situation précédente). Il se réalise généralement par une simple modification de la trajectoire du déplacement des personnes ou, lorsqu’elles sont immobiles, par un petit déplacement pour « laisser passer » la patrouille. Justement, d’autres formes de mises à distance caractérisent également un évitement. J’évoquais précédemment le cas d’une jeune femme se recroquevillant sur elle-même qui « baisse la tête et accélère légèrement le pas afin de ne plus avoir à nous voir, ou nous avoir à proximité ». La fuite sur soi-même (notamment par le regard) figure aussi une forme d’évitement : repli sur soi, léger détournement du corps, etc. J’illustrais ainsi, en 2014, l’attitude d’un homme immobile pivotant sur lui-même lorsque la patrouille arrivait à son niveau (Illustration no3).
« Alors que la patrouille progressait de l’arrêt de tram vers le Nord du bâtiment, un homme seul sur son téléphone se tenait au milieu du parvis […]. Concours de circonstances, il se trouvait véritablement dans l’axe de départ de la patrouille. Lorsque les militaires (espacés les uns des autres d’environ 4-5 mètres compte tenu du peu de monde et de la taille du parvis) arrivèrent à son niveau, l’homme en question pivota littéralement sur lui-même pour faire dos à la patrouille ». (Bordeaux — 25/09/2014)
Le point particulier de cette situation fut le fait que l’homme, après le passage de la patrouille, se remit dans sa position initiale. En faisant ainsi, il ne marque pas une distance euclidienne par quelques pas, mais pivote sur lui-même pour être symboliquement à l’écart des militaires qui s’approchent. De cette manière, il les exclut de son environnement immédiat, il se place corporellement de dos pour les (dé)placer à un autre endroit de sa bulle proxémique (Hall, s. d.) afin de mettre de la distance.
L’interaction focalisée
Les interactions focalisées, ou interactions en face à face entre citadins et militaires, offrent également des situations où les jeux de distances sont traduits par les corps des interacteurs (Hoyaux 2008). Les agencements dynamiques des corps des interacteurs articulent les situations, produisant ainsi du sens. La situation suivante (Illustration no4) présente le cas d’un jeune homme s’adressant aux policiers accompagnant la patrouille de militaires.
Le découpage de cette interaction chorégraphiée expose les placements et déplacements des individus en quatre temps principaux. D’abord, l’individu interpelle un policier (1) qui se trouve à ce moment en tête, devant le trinôme, puis s’engage la première partie de l’échange (2) qu’il y a entre les policiers et la personne, les policiers tournant le dos aux militaires et ces derniers restant à distance (figurée par un arc pointillé). Puis, l’un des trois militaires se rapproche de l’échange entre les policiers et l’individu (3) et rentre donc dans l’espace d’interaction. C’est alors au même moment (la fin de l’échange se faisant sentir) que l’individu poursuit sa marche gardant le contact visuel et vocal avec la police, tout en ne leur tournant pas le dos, et se repositionne ainsi face à la patrouille, élargissant alors le nombre d’interlocuteurs possibles. Enfin l’interaction se termine (4), la patrouille reprend sa progression (police en tête) et l’individu poursuit sa progression. Cette interaction pourrait finalement illustrer n’importe qu’elle autre interaction possible, or c’est la recherche de la distance avec les militaires par le déplacement qui est intéressante à souligner. En omettant de traiter des différents « comportements gestuels intranscriptibles » (Goffman, s. d., 178) nous perdons une plus-value certaine. Cependant, ce que nous souhaitions montrer ici, c’est la recherche d’une sortie de l’interaction. La personne indique par son corps la sortie de l’interaction tout en conservant le contact visuel avec son interlocuteur. Ce désengagement avec la Police lorsque le militaire intervient dans la sphère d’interlocution souligne la recherche constante de la « bonne distance ».
Conclusion : Une articulation des situations et une reconfiguration des spatialités
La méthodologie utilisée repose essentiellement sur l’observation et ne permet de voir que la partie visible de l’iceberg. Même s’ils permettent d’apporter un éclairage sur la partie immergée, les entretiens ne peuvent que confirmer ou infirmer certaines hypothèses, sans pour autant établir des liens de corrélations ou de causalités directes. Les entretiens réalisés auprès de passants visent donc à conforter certaines interprétations formulées ici. Difficilement « objectivable, quantifiable, partageable » (Hoyaux 2016, 12) une situation laisse pourtant apparaitre des micro-éléments exploitables. En s’appuyant ainsi principalement sur les théories de l’interactionnisme symbolique, il a pourtant été possible de montrer la place prépondérante du corps et de son équipement dans le jeu interactionnel entre militaires et citadins. La mise en visibilité du corps des militaires ainsi que de leur arme oriente les situations d’interactions et les spatialités individuelles des citadins. Celles-ci donnent alors à voir des attitudes et des réactions corporelles chez plusieurs d’entre eux, traduisant les rapports qu’ils entretiennent avec le monde urbain. En cela, le corps équipé des militaires (comme porteur d’actants, de référents de la violence) en ville laisse supposer une reconfiguration de la relation à l’espace des citadins co-présents, par la mobilisation d’imaginaires et la construction de sens en situation. Lors des situations d’interactions et/ou par des jeux de distances, les citadins remanient en permanence leurs « éléments référentiels » (Hoyaux 2015), qui leur permettent leur mise en sens de leur monde. Lorsqu’ils parcourent et vivent un environnement urbain qui serait objectif, c’est ce panel d’éléments constitutifs qui confère une cohérence aux situations vécues. Pour reprendre les termes de David Le Breton, ces situations entre citadins et militaires équipés illustrent « la construction du sens dans le moment de l’interaction, la capacité pour l’acteur de se comprendre et de rendre compte de son action et de constituer ainsi la réalité, de renégocier en permanence son rapport au monde » (Le Breton, s. d., 46). Cette constitution de son monde en action se traduit spatialement par et pour soi, notamment au regard des autres. C’est perpétuellement en cherchant son propre agencement spatial en situation, sa bonne place, en gardant ses bonnes distances que l’individu accompli spatialement son sens de l’instant.
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La réserve opérationnelle regroupe des personnes chargées, en cas de nécessité, d’intégrer les forces armées pour y effectuer des opérations militaires.↩
L’emploi de la première personne du singulier et du pluriel est ici délibéré.↩
La manipulation de l’armement renvoie systématiquement à l’IST-C, c’est-à-dire l’Instruction Sur le Tir au Combat.↩
Approvisionner : enclencher un chargeur garni de munitions sur l’arme.↩
La considération des armes en France n’est pas la même qu’en Amérique du Nord.↩
Les éléments entre (parenthèses) sont les propos de l’enquêteur, ceux entre [crochets] sont des remarques de l’enquêteur sur la conduite de l’entretien, et les points de suspension entre crochets […] expriment un temps de pause.↩
Anglophone, la syntaxe et l’orthographe des propos de l’enquêté ont volontairement étaient conservées.↩
Selon les sites, il arrive que les patrouilles de militaires soient accompagnées de policiers.↩