Sens public est, depuis toujours, un chantier. Une dynamique ouverte qui crée des réseaux complexes, disséminés dans le monde entier. Il est difficile de tracer les frontières de l’équipe de Sens public : son inclusivité est telle que quiconque désire s’impliquer se retrouve automatiquement au centre des activités.
À partir de 2015, Sens public s’est engagé dans un processus de refonte de son site web (pour plus d’informations consultez la page À propos de ce site). Ce qui devait être une simple mise à jour, un petit « lifting », s’est transformé en une remise à plat de l’ensemble de notre modèle éditorial, alimentant une réflexion technique et théorique majeure sur l’édition numérique et le rôle d’une revue savante aujourd’hui. Le fruit de ce travail (encore en cours) n’est pas uniquement le site sur lequel vous naviguez à présent, c’est aussi un éditeur de texte, Stylo, des articles et des communications scientifiques, une thèse de doctorat sur le point d’être déposée par Nicolas Sauret.
Pour fêter la sortie de la version 0 de cette plateforme, nous avons demandé aux personnes ayant participé aux activités de la revue dans les dernières années de collaborer à un texte commun, car c’est justement ce partage qui représente le mieux notre projet. Chacun a écrit en quelques lignes ce que Sens public représente pour elle ou pour lui et a suggéré un article à relire.
Gérard Wormser
À Sens public, la distanciation sociale n’est pas notre fort - la revue passe de mains en mains depuis bientôt vingt ans, ce n’est pas fini. De Sciences Po. à Montréal, de Taïwan au Brésil, vole au vent ! Il y a les Cahiers, les Ateliers, le site tout neuf, les amitiés, les voyages, les rencontres. Avis de grand frais : Hisse et ho !
Marcello Vitali-Rosati
Comme par magie, il y a presque quinze ans, je me suis retrouvé dans un espace de relations, de convergences, d’échanges, de discussion, de rencontres et de critique. Comme par magie cet espace devenait progressivement le lieu où la pensée émergeait, un lieu d’action, de partage, de construction. Sens public est cet espace qui démontre la possibilité d’espaces publics, de lieux de liberté encore aujourd’hui.
Servanne Monjour
Sens public est d’abord une équipe, au sein de laquelle la transmission et la bienveillance ont toujours été les valeurs premières de l’édition. Tout comme on parle de « maison » d’édition, SP accueille, inclus, partage. « Institutionnalisation du vide, vide des institutions : l’art du « ready-made » à l’ère démocratique » de JY Heurtebise - illustré par l’oeuvre ambigüe et ironique de McCarthy, Tree - est l’un des premiers articles que j’ai mis en page. Il vient incarner je crois l’esprit de la revue : une pensée décalée, mais exigeante, un regard oblique sur le contemporain.
Institutionnalisation du vide, vide des institutions : l’art du « ready-made » à l’ère démocratique
Nicolas Sauret
SP a été mon terrain de jeu : pratiquer pour mieux penser, concevoir et expérimenter pour apprendre. SP est une revue, un objet éditorial particulier mais c’est aussi un discours, porteur de sens et de collectif au chevet d’un monde fiévreux. La revue n’est qu’un prétexte, un point focal, autour duquel se sont élaborées des écritures qu’on ne lit nulle part mais qui étoilent et progressent dans chacun des individus qui l’ont fait. Je retiens Faire communauté, pour aussi faire écho à l’archipel Sens public.
Margot Mellet
Lorsque je suis entrée à Sens public, ma formation s’est faite avec la publication d’un dossier de 14 articles : Authentique artifice. Sens public, c’est comme Babel mais en éditorial. On y trouve l’urgence du savoir et de sa diffusion mais il demeure, dans ce travail d’équipe, le soucis de la structuration. C’est une dynamique constante d’échanges entre individus pour déterminer l’architecture d’un savoir commun, avec cet idéal de le rendre visitable de tous.tes.
Karine Bissonnette
Une action me vient en tête lorsque je pense à Sens public : accueillir. C’est le geste de ceux et de celles qui font la revue, et qui font de la revue un espace bienveillant, ouvert. On y prend des risques. On y rassemble des voix établies et émergentes, des pensées dont l’effort mêle (heureusement) les formes, les disciplines, les héritages. Oser réunir, mettre ensemble, c’est aussi accueillir. L’espace numérique, fruit d’un dialogue par courriel entre E. Méchoulan et M. Vitali-Rosati, me semble exemplaire de la rigoureuse liberté et de la force des échanges singularisant Sens public.
Eugénie Matthey-Jonais
C’est d’abord comme stagiaire, puis comme éditrice, que j’ai été accueillie dans une équipe à géométrie variable, mais qui garde en son coeur un esprit académique ouvert et rigoureux, se questionnant sans cesse afin d’adopter de meilleures pratiques à chaque étape de la chaîne éditoriale. J’ai eu la chance de voir se réaliser des projets uniques, dotant d’outils efficaces la vision de l’équipe de la production et de la diffusion d’articles ; d’abord l’éditeur de texte Stylo, et aujourd’hui, la nouvelle plateforme de la revue. L’équipe de Sens Public a influencé ma pratique et mes débuts en tant que chercheuse par sa bienveillance envers le travail des autres, s’étendant bien au-delà du travail collaboratif de l’édition. Pour sa mise en perspective de l’hybridation médiatique que permet le numérique, je relirais le dossier « L’invention littéraire des médias ». Parmi les articles qui le composent, celui d’Érica Wicky, « L’art olfactif contemporain, ses médias et leurs inventions fin-de-siècle », m’avait particulièrement fascinée.
Patrick Chartrand
Sens Public est une équipe innovante et mettant à profit les talents créatifs et imaginatifs de tous ses éditeurs et ses auteurs qui animent la revue d’un numéro à l’autre. Force vive de la pratique éditoriale qui y est faite, la relation entre les membres est bénéfique tant sur les plans professionnel que personnel. Je voudrais partager l’article « How can a place enter our skin down to the very verb of us » de Louise Lachapelle dont l’édition a été le fruit d’une collaboration créative et harmonieuse.
Emin Youssef
Contribuer chez Sens Public c’est rencontrer des personnes rigoureuses et généreuses, partager et enrichir des réflexions toujours mouvantes et respecter des valeurs fondamentales à mes yeux : l’accessibilité du savoir et la liberté d’expérimenter, au carrefour des disciplines scientifiques et artistiques, de l’éthique et du politique. « Le fait littéraire au temps du numérique » fait état de la prégnance du littéraire en face d’une textualité numérique pragmatique hégémonique et la manière dont il y institue le décalage. Cette posture est selon moi semblable aux potentialités – techniques et réflexives – que permet Sens Public.
Marie Odile Paquin
J’ai eu la chance de faire partie de l’équipe de Sens public, d’abord comme stagiaire, puis comme éditrice : une promotion vertigineuse pour l’étudiante en Lettres que j’étais. J’y ai rencontré des personnes incroyablement bienveillantes et talentueuses qui ont donné un sens nouveau à ma pratique littéraire au quotidien et au poids de ses enjeux. L’article « De Lourdes à Paris, en train ou à bicyclette » de Thomas Carrier-Lafleur illustre bien cet apprentissage. Parce qu’il est le premier que j’ai édité, mais surtout parce que l’éclairage qu’il jette sur les intrications entre littérature et médias a su guider mes premières réflexions sur le sujet.
Julie Francoeur
Sens public est une revue pionnière en édition numérique. En créant l’éditeur de texte Stylo, Sens public s’est donné pour objectif de contribuer à enrichir les pratiques éditoriales dans le domaine de l’édition savante. En adoptant une politique d’accès libre et en plaçant les contenus qu’elle publie sous licence Creative Commons, elle s’est savamment positionnée à l’avant-garde des grandes transformations de la communication savante. C’est une fierté pour moi d’avoir pris part à cet espace de risques !
Des outils à la trace : vers des communs créolisés qui habitent le monde ?
Beth Kearney
Je suis tellement fière de faire partie d’une équipe qui attache de l’importance au partage intellectuel (en accès libre) et à la recherche transdisciplinaire. Pour moi, Sens public est un groupe de chercheuses et de chercheurs passionnés par la culture – philosophique, numérique, littéraire, artistique, et bien davantage – et par l’échange des idées. Cet intérêt représente pour moi l’occasion d’améliorer ma capacité à traduire, une activité que j’apprécie beaucoup. Merci à l’équipe de cette collaboration très agréable ! L’article que Ingrid Galster consacre à l’œuvre maîtresse – très connue, mais peu lue – de Simone de Beauvoir m’a beaucoup appris à propos de la philosophie féministe.
Peppe Cavallari
Sens public pour moi, c’est un lieu où pouvoir penser, grâce au geste fondateur d’un hérétique tel que Gérard Wormser, autour duquel s’est formé un réseau qui ne cesse pas de se ramifier, dans un esprit de liberté, d’autonomie et d’ironie. Merci Sens Public !
Antoine Fauchié
Sens public est un socle. Mes premiers contacts avec Sens public ont été les séminaires « Edito ». En 2013 je n’avais aucune connaissance de la revue en tant que telle. Plus tard c’est le blog de Marcello Vitali-Rosati qui fut une autre émergence de cet écosystème d’écrit et de conversations. Enfin la revue avec ces thématiques diverses, mes intérêts tournés vers « le numérique » et les nombreux articles qui y faisaient écho. Les traductions des chapitres du livre de R. David Lankes sont emblématiques de cette explosion éditoriale, puisqu’après des publications sur la revue ils prendront la forme d’un ouvrage dans un projet satellite d’édition, chez les Ateliers [sens public]. Un socle disais-je.
Catherine Depelteau
Je suis tombée sur l’introduction d’un dossier de Sens Public dans le cadre de mes recherches il y a deux ans et cette lecture s’est vite transformée en une longue exploration, toujours en cours. En entamant un stage à la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques au début de l’hiver, j’ai eu la chance d’entrevoir le fonctionnement de Sens Public et ce projet – cette revue, ce lieu, ses objectifs – ne cesse de me captiver.
Ouvrir le livre et voir l’écran : pratiques littéraires et pratiques numériques