Nous rappelons aux lecteurs que l’intégralité des Cahiers du Grif, grande revue féministe cofondée par Françoise Collin, est en ligne sur le site Persée.
La confrontation entre le mouvement de libération des femmes et le mouvement de libération des sexualités peut être féconde. A condition toutefois de ne pas céder à l’amalgame et de ne pas prétendre dissoudre dans le mouvement plus récent des sexualités - des homosexualités - le mouvement des femmes, comme en une nouvelle « Phénoménologie de l’Esprit » où une figure de la dialectique viendrait assumer et dépasser la précédente. La notion de « bio-pouvoirs » élaborée par Foucault ne peut elle-même être appliquée indifféremment et sans autre analyse à l’un et l’autre de ces mouvements et de ces enjeux.
On ne peut oublier en effet que l’objectif premier du féminisme est la reconnaissance des droits des femmes - socialement situées comme telles - indépendamment, dans un premier temps, de leur orientation sexuelle. Car ce mouvement met en cause la domination séculairement exercée par la « classe » des dits hommes sur les dites femmes dans tous les domaines de la vie sociale, politique, économique, culturelle, autant que privée. Dans cette perspective, les homosexuels ont bénéficié et bénéficient du crédit accordé aux hommes tandis que les lesbiennes sont pénalisées au titre de femmes. C’est en effet selon la ligne des appartenances de sexe et non des préférences de sexualité que les femmes ont été exclues du suffrage dit universel, mais aussi de l’accès aux grandes écoles, des professions et des postes de responsabilité, ou même du simple droit à la parole, et qu’elles restent encore implicitement pénalisées malgré l’évolution formellement égalitaire des principes et des lois. Dans le même temps, de nombreux hommes, homosexuels comme hétérosexuels, y avaient place, contribuant au maintien de la structure de domination. Car au-delà de l’homosexualité érotique, liée à l’orientation sexuelle, règne une « homosexualité » de solidarité masculine - « la société des frères », comme la nomme Carole Pateman 1 - liée à l’occupation du pouvoir : de ce point de vue, et depuis la Cité grecque, homos et hétéros ont fait cause commune, voire bon ménage, que ce soit dans les partis, les gouvernements, les universités, les organismes financiers, les Églises ou les musées. Les « adversaires » des femmes, si les choses doivent se formuler en ces termes simplistes, ce sont d’abord lesdits hommes et non les hétérosexuels. Un homosexuel n’est pas une femme, ni congénitalement solidaire des femmes : il n’est même pas nécessairement moins « sexiste » qu’un hétéro. L’absence de relation érotique avec les femmes est en effet ambiguë dans ses effets : elle peut fortifier le mépris comme elle peut permettre des rapports amicaux ou solidaires privilégiés entre hommes et femmes, parce que dépourvus d’intérêts libidinaux. Le culte de Dalida n’est en tout cas pas un certificat de féminisme, tant s’en faut.
Réintroduire le corps et le désir
La confrontation entre le mouvement de libération des femmes, et le mouvement de libération des sexualités devrait, pour le féminisme, présenter au moins l’avantage de rouvrir l’espace de réflexion et de débat portant sur le corps et le désir, espace qui, déployé dans les années 70, a été ensuite recouvert ou même occulté par les analyses et les revendications d’ordre politique et socio-professionnel, plus aisément objectivables et en un sens moins complexes. Un certain silence est retombé sur le corps, la sexualité, le désir, dans leurs modalités tant homo- qu’hétérosexuelles. On constatera au passage que si les expressions lesbiennes sont peu présentes dans l’espace féministe ainsi épuré 2 , elles restent également minorées dans l’espace homosexuel où domine le discours gay. Et que les expressions hétérosexuelles dans leur version féminine y sont encore plus discrètes. Seule la sociologie se porte encore vers ces sujets dans une optique de constat statistique. 3
La grande célébration du corps qui accompagnait les débuts du féminisme, à la lumière ou à la chaleur de l’érotique soixante-huitarde, l’apologie de l’érotique généralisée (dont atteste à sa manière « L’anti-oedipe », de Deleuze et Guattari) opposée à la pauvreté ponctuelle de l’érotique phallique ont été peu à peu oubliées. Le débat féministe s’est fait en quelque sorte puritain - on dira rationnel - au sens où il a soigneusement évité les questions du désir et du plaisir de peur qu’elles n’entravent et n’enlisent dans leur complexité les objectifs volontaristes de l’égalité. Le « devenir-homme des femmes », c’est à dire leur accès croissant (sous le label de l’égalité qui cache bien son jeu discriminatoire) au monde constitué, a laissé en friche la question du désir rabattue ainsi sur la question du vouloir. Ce pan de l’expérience a été abandonné aux ressources du bricolage individuel avec plus ou moins de succès, alors que les plasticiennes, les cinéastes, ou certaines écrivaines s’en saisissaient.
C’est sans doute la raison pour laquelle le discours politique et le discours universitaire - qui ne sont pas particulièrement érotiques ou dont l’érotique est particulièrement sublimée - ont annexé le champ de la parole au profit de la théorie et au détriment du récit, du témoignage, du poème, du texte, de la voix, et d’une manière générale de la création artistique, propres à faire entendre l’indéfinissable. Le corps du féminisme est resté suspendu au vestiaire des luttes et des savoirs.
En prenant l’orientation sexuelle pour motif et en attestant publiquement d’une dimension du « féminin » dans la structure libidinale masculine, et chez un homme, y compris un homme de pouvoir, l’homosexualité met en cause, il est vrai, le lien établi entre l’érotique et le social, lien selon lequel la « passivité » supposée constitutivement féminine du désir justifierait la dépendance sociale des femmes. Ainsi sont au moins interrogés les amalgames factuels entre homme, position érotique phallique, dominance sociale, d’une part, et femme, position érotique passive, infériorité sociale, d’autre part : entre sexe biologique, sexe érotique, et sexe social. Et le féminisme serait bien inspiré de faire retour sur son inspiration originaire, là où s’articulaient désir et vouloir, plaisir et liberté.
Sexualité et domination
On peut penser que, séculairement, le rapport hétérosexuel a été et reste un vecteur important de la domination des hommes sur les femmes, que ce soit dans l’exploitation prostitutionnelle sous ses formes grossières ou courtoises, ou dans l’organisation hiérarchique de la conjugalité, de la famille, ou même du couple passager.
Mais cette structure est-elle celle de l’hétérosexualité ou bien celle de la masculinité dans son ensemble ? Le privilège accordé séculairement à la sexualité masculine, principalement hétérosexuelle mais aussi homosexuelle, son interprétation en terme de pulsions irrépressibles, voire en termes de droits, lui confère des privilèges régaliens dans lesquels l’autre est réduite ou réduit à l’état de bien de consommation. Or la « violence sexuelle », sous forme directe ou indirecte à travers les prostitutions et pédophilies diverses, n’est pas un fait de nature - comme on tend à le soutenir - mais de culture : une conduite impériale séculairement entérinée tant dans l’hétérosexualité que dans l’homosexualité masculine où le jeune, l’étranger, le pauvre, le prisonnier, font, en tant que dominés, office de femme. Son caractère impérieux tient non à la pulsion comme telle, mais à la licence qui lui a été unilatéralement accordée et à l’impunité qu’elle s’arroge. L’humanité n’est pas le règne ininterrogé des pulsions.
Même si le rapport hétérosexuel est un vecteur important de la domination des hommes sur les femmes, en est-il la cause ? Faut-il d’ailleurs rejeter toutes les formes des rapports humains et sociaux qui sont ou peuvent être vecteurs de la domination ou bien au contraire tenter de les laver de leur composante dominatrice ? Si les femmes devaient écarter tous les registres existentiels à travers lesquels s’est exercée la misogynie, elles n’auraient bientôt plus qu’une île déserte à occuper, devant un ciel vide. Même les mots et les images leur feraient défaut. Car telle est bien la spécificité de la lutte féministe : elle ne vise pas, ne peut viser, l’anéantissement de l’adverse qui est présent jusqu’au plus intime d’elle-même, mais plutôt son épurement, sa métamorphose.
L’identification de la domination à l’hétérosexualité, qui a été soutenue, il est vrai, par certaines féministes, est souvent relayée par le discours homosexuel masculin qui voudrait ainsi ramener l’orientation désirante à une orientation politique, ou ramener le politique au désirant. Ce discours sous-entend, quand il n’affirme pas, contre toute évidence, que l’hétérosexualité est, pour les femmes qui la vivent, une pénible contrainte : la « contrainte à l’hétérosexualité » est en effet souvent entendue non comme la critique de son caractère socialement normatif, mais comme la dénonciation pure et simple de sa valeur libidinale. Les hétérosexuelles ne seraient de ce point de vue que des victimes passives, mystifiées, en même temps que des traîtres à la cause obligatoirement sécessionniste du féminisme, victimes et traîtres à qui il faudrait démontrer l’erreur de leur désir et de leur plaisir.
Or, l’érotique ne se commande pas : l’orientation sexuelle n’est pas un choix politique rationnel. Les homosexuels qui revendiquent aujourd’hui le droit au libre exercice de leur sexualité le savent bien, eux qui ont une structure désirante qui va à l’encontre de la norme sociale, et qui ont longtemps souffert de ne pas en voir reconnaître la légitimité ou la « normalité » hors norme.
Peut-être est-il plus commode pour une féministe de ne pas affronter dans l’intimité l’ambiguïté des rapports entre désir et structure de domination, et de pouvoir répartir les « camps » entre amis et ennemis, comme entre privé et politique, avec une certaine clarté. Mais l’ambiguïté même de la situation rend plus aigus, plus impérieux, et plus subtils le questionnement ainsi que la lutte. Cette ambiguïté est d’ailleurs assumée, de manière moins éclatante, dans la vie sociale de toutes les femmes, homos comme hétéros, qui, ne vivant pas dans un camp retranché, ont à distinguer entre la structure antagoniste des sexes et leurs sympathies, et en tout cas leur collaboration étroite avec ceux que certaines ont nommé, non sans quelque ironie, on l’espère, « l’ennemi de classe » : leur éditeur, leur élève, leur collègue, leur garagiste, leur facteur, leur ami, leur frère. Rien n’est jamais simple, et ni le féminisme, ni aucune féministe, homo- ou hétérosexuelle, ne répartit les sexes en deux camps étanches.
Désir et politique
Le désir humain se manifeste sous des formes diverses, et il serait paradoxal que, dans son mouvement de revendication contre le refoulement dont il a été victime au nom de la normativité hétérosexuelle, le mouvement homosexuel en vienne à substituer une nouvelle norme à l’ancienne, reconstituant ainsi un système hiérarchique de valeurs entre les plaisirs, distinguant les bons des mauvais, les « politiquement corrects » des incorrects. Son objectif prioritaire est plutôt de faire en sorte que les individus puissent exercer leur forme désirante sans qu’elle ne soit pénalisée, ni ne donne prétexte à exclusion, pour autant du moins qu’elle ne porte pas atteinte à autrui.
Les rapports érotiques et amoureux, de quelque nature qu’ils soient, ne sont d’ailleurs jamais exempts du risque de la domination, comme de l’antagonisme ou de la mésentente : les couples homosexuels (gays et lesbiens) connaissent, comme les couples hétérosexuels, la violence et la douleur, la possessivité, les trahisons, la chute dans l’indifférence, dans la rivalité ou dans la haine, le ratage. L’homosexualité ne délivre pas de ces contingences, propres au lien humain et démultipliées par le désir, même si celles-ci ne sont pas, il est vrai, nécessairement appuyées à des positions sociales hiérarchiques préalables. Les homosexuel(le)s pas plus que les femmes ou les féministes ne sont dépositaires de la bonté de la nature humaine, ni de l’avenir de l’homme. Ils/elles ont pour seule spécificité d’avoir été et d’être encore marginalisé(e)s, constituant de ce fait une instance potentiellement critique du donné.
La distinction entre homo- et hétérosexualité tient essentiellement à une orientation libidinale (par définition non volontaire) contrariée ou soutenue par la norme sociale. D’autant plus que désormais, le vieux lien liant copulation hétérosexuelle et génération est en train de se rompre par la grâce du pouvoir scientifique. Faire et/ou élever un enfant n’est déjà plus une conséquence de l’amour hétérosexuel mais le résultat de la conjonction de deux gênes en laboratoire 4 . La parenté homosexuelle est en chemin, même si le droit tarde. Et même si, une fois encore, lesbiennes et gays, comme hommes et femmes, n’ont pas à cet égard des devenirs parallèles.
Différence et indifférence des sexes
L’apparition publique des homosexualités et leur reconnaissance entraîne-t-elle une indifférenciation des sexualités et des sexes ?
C’est la position soutenue aujourd’hui par certain(e)s, l’indifférence 5 apparaissant alors comme un « progrès » par rapport à la différence identifiée constitutivement à sa modalité inégalitaire. Mais si toute différence était réductible aux inégalités qu’elle peut engendrer, nous devrions vivre dans la monotonie absolue du modèle unique. L’indifférence ne peut s’entendre que comme recevabilité des différences, et plus précisément du différer (de la « différance » comme mouvement, ainsi que l’a formulé Jacques Derrida, inspirant un courant important du féminisme américain). Le « nomadisme » (Deleuze) est un mouvement, non un état.
L’« indifférence » d’objet propre à la bi-sexualité elle-même, à laquelle certain(e)s prétendent comme à une pratique résolutoire, n’est pas un principe uniformisant : elle ne détermine pas dans chacune de ses formes le même engagement que l’orientation unisexuée. Outre le fait que la bi-sexualité supposée comporte généralement une préférence et le privilège d’une forme par rapport à l’autre, elle n’est pas la synthèse des deux autres mais une troisième forme, un troisième genre, qui a lui aussi sa fécondité propre et ses limites. Nul n’est parfait.
La thèse de l’indifférence des sexes et des sexualités, qui semble souvent aujourd’hui devoir relayer la thèse supposée naturaliste de la différence, est plus un postulat idéologique qu’une pratique. Elle ressemble étrangement à la pensée du Sujet ou de l’Individu neutre, et donc polyvalent, issu de l’héritage des Lumières. Elle est un relookage du motif, persistant dans la culture française, de l’universel 6 . Elle sous-tend le présupposé politique selon lequel ne peuvent être égaux que les mêmes, non les différents. Ainsi la proclamation « nous sommes tous des immigrés », ou « nous sommes tous des femmes », est-elle au mieux une coquetterie de nantis, et le plus souvent une imposture. Substituer une métaphysique de l’un à la métaphysique du deux, c’est rester dans la métaphysique - ou le naturalisme si on préfère. Je préfère soutenir pour ma part une pensée de la praxis, à partir d’un donné déterminé, plutôt que de feindre ignorer celui-ci.
Enjeux sexuels, enjeux politiques
Aucune expérience, surtout quand elle est aussi complexe que celle du désir, ne peut servir à elle seule de fondement à un objectif politique. Celui-ci peut partir d’une expérience mais, pour se formuler, il la dépasse nécessairement : le politique prend appui sur ce qui est pour viser ce qui n’est pas ou pas encore. L’objectif politique du féminisme, comme l’objectif politique des mouvements homosexuels, n’est pas la simple transcription d’un fait de nature mais une décision, une option, un choix, toujours à redéfinir et à renégocier par ses acteurs. Il y a autant de formes d’expression homosexuelles que de formes d’expression féministes. A partir du refus d’une oppression, les chemins de la libération sont à frayer. Le politique n’est jamais réductible à un fait. C’est, dans l’incarnation du donné, une décision prise : le projet d’un monde.
Déjà les femmes avaient résisté à l’amalgame entre condition sociale et orientation sexuelle, et, mieux encore, entre situation de fait et politique, en sachant et en affirmant dès le début qu’une lesbienne n’est pas nécessairement féministe, et qu’une féministe n’est pas nécessairement lesbienne. La constitution d’un monde de femmes, s’autorisant et se liant mutuellement par la parole et par l’action-opération féministe historiquement originale de la fin du 20e siècle, n’est sans doute pas exempte d’une dimension libidinale latente propre à tout groupe humain, mais elle ne détermine ni ne contraint l’orientation de l’exercice du désir sexuel.
Le mouvement pour les droits des homosexuels comporte, comme le féminisme, diverses tendances et divers courants, où chacun doit se situer : le débat est à la fois externe et interne à ces mouvements. Ainsi pour certains, le droit à l’homosexualité doit entraîner l’accès à toutes les structures sociales traditionnelles et, entre autres, à la forme du couple et de la famille. Pour d’autres, le droit à l’homosexualité est, au contraire, l’instauration d’une forme sexuelle originale, volatile et démultipliée par les accidents de la rencontre, dont le « sauna » constitue l’emblème. Dans ces débats de tendances, on assiste d’ailleurs à une certaine reconduction de la division hommes/femmes, et en l’occurrence lesbiennes/gays, les pratiques des deux groupes et leurs formes majoritaires d’exercice, comme les cultures qu’elles engendrent et promeuvent, n’étant pas identiques.
C’est pourquoi les deux mouvements de libération, féministe et homosexuel, ne peuvent se trouver associés que dans une réflexion et sur des objectifs articulés par le dialogue. L’un ne recouvre pas l’autre, et leurs positions respectives résistent à l’amalgame. Leur rencontre doit pouvoir les fortifier mutuellement, non tenter théoriquement et pratiquement de les assimiler. Il y faut porter beaucoup d’attention.
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Carole Pateman, « The fraternal social contract », in The Disorder of Women, Stanford University Press, I989. L’auteur montre que le passage de la société traditionnelle à la société moderne, présenté comme une rupture par les théoriciens du politique, est en fait le passage de la forme patriarcale à la forme fratriarcale d’une même domination masculine. ↩
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Marie-Jo Bonnet attribue ce « refoulement » à Simone de Beauvoir, qui dissimulerait ou renierait même la part homosexuelle de son expérience. Il faut toutefois souligner un déni général du corps dans Le deuxième sexe. Quelques grandes figures de créatrices lesbiennes contemporaines font cependant référence dans le féminisme, qu’il s’agisse de Violette Leduc, de Gertrude Stein, ou de Claude Cahun. ↩
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Cette remarque vaut surtout pour l’espace féministe français, particulièrement cérébral. Cette remarque vaut apparemment aussi pour les publications lesbiennes : ainsi comparera-t-on par exemple Lebia, magazine mensuel de la visibilité lesbienne française, au Lover de nos voisines néerlandaises (Amsterdam). ↩
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Je renvoie à mon article : « Du sexe sans génération à la génération sans sexe » in Cités, 9, PUF, 2002. ↩
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Voir entre autres Sabine Prokhoris, Le sexe prescrit, Aubier, 2001. ↩
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J’ai développé ce point dans d’autres textes tels que « Différence/indifférence des sexes », in Les rapports sociaux de sexe, Actuel Marx n° 9, 2001. ↩