Deux semaines après la Convention du parti démocrate, le rebond des sondages en faveur du président Obama semble à présent indiquer une tendance. La synthèse la plus récente du baromètre du Huffington Post, qui dessine les tendances nationales en agrégeant tous les sondages publiés, indique que le président Obama surclasse le gouverneur Romney avec 48.7% contre 44.5%, un écart de quatre points. À la veille des conventions de Tampa et Charlotte, il ne menait que d’un ou deux points.
Cette tendance se reflète aussi dans les États clés les plus disputés, comme le Wisconsin, l’Ohio, la Virginie, la Floride et la Caroline du Nord, où, comme le note l’économiste David Rothschild , la probabilité d’une victoire d’Obama augmente uniformément presque partout (voir le tableau ci-dessous).
De manière intéressante, si ce sont bien les suffrages des votes dans les États clés qui feront la décision finale de la course à la présidence, cette campagne 2012 fait clairement apercevoir que que les tendances dominantes et les changements des pourcentages des préférences des électeurs suivent des évolutions nationales plutôt que locales ou régionales. Comme le remarque Rothschild, si vous appliquez une méthode de classement, qui classe les États en fonction de leur probabilité de victoire d’un des candidats sur l’autre, « il est improbable qu’aucun État ne se déplace de plus de quelques rangs dans ce classement ».
Les républicains n’ont pas encore concédé la Pennsylvanie, et si Obama peut tenir l’Ohio, où il a actuellement une avance de 8 points, il est presque impossible pour Romney de trouver une trajectoire de victoire.
Par-delà ces chiffres marquants, deux ensembles de mouvements sociologiques semblent également favoriser le président. Comme une analyse du Center for American Progress (Progress 2050 identifies) l’atteste, « les gens de couleur » devraient avoir en 2012 un impact plus significatif que celui attendu jusqu’alors. Et l’information démographique la plus récente (voir le lien vers : Current Population Survey) indique que la part des minorités en général dans la composition de l’électorat est aujourd’hui de 3% supérieure à ce qu’elle était en 2008, tandis que la proportion des électeurs issus de la classe ouvrière blanche avait décliné d’autant. Cette croissance des communautés issues de diverses origines et cultures induit un pouvoir électoral potentiel significatif. Ce sont réellement 38.9% des électeurs possibles du Nevada qui sont de couleur, et il en va de même pour 34.5% de la population susceptible de s’inscrire en Floride, de 27.4% en Virginie, et de 22.4% des électeurs du Colorado.
D’ailleurs, s’agissant du vote de la classe ouvrière blanche, l’avance nationale pour Romney de 13% masque des disparités régionales significatives qui convergent en faveur du président Obama dans les État clés. Comme l’indique un récent rapport de l’institut public de recherches sur les religions – « Par-delà les fusils et la foi : comprendre la complexité de la classe des travailleurs blancs en Amérique » , cette disparité nationale part de 40% dans le Sud. Cependant, quand on arrive au Colorado et au Nevada, l’avance se réduit à 5% seulement et à seulement 4% dans l’Ohio, le Michigan et le Wisconsin. Cette faible performance est encore accentuée si l’on prend en compte la probabilité de vote au sein de ces différents groupes. Seuls 66% des électeurs se disent certains de voter parmi les ouvriers blancs contre 87% des diplômés et 74% des Noirs.
Selon un article du New York Times de Thomas B. Edsall – auteur de The Age of Austerity: How Scarcity Will Remake American Politics (« L’âge de l’austérité : comment la rareté va reconstruire la politique américaine ») – nombre des électeurs de la classe ouvrière blanche ont le sentiment que Romney est à la fois hostile aux salariés (du moins parmi ceux qui ont rencontré des « agents des raiders d’entreprises ») et « complètement déconnecté des gens qui travaillent pour gagner leur vie ». John Halpin et Ruy Teixeira, du Center for American Progress, exposent dans « Réviser la course aux 270 : le rôle de la démographie dans l’élection présidentielle américaine de 2012 » que ce problème d’identification personnelle s’est encore accru en raison du choix de Paul Ryan comme associé de Romney pour cette campagne. Dès lors, cela garantit réellement que la compétition n’est plus simplement un référendum sur la manière dont le président Obama gère l’économie, mais plutôt un choix entre deux visions opposées de la société américaine et de sa gouvernance.
L’élection présidentielle ressemble moins à une compétition entre la démographie et l’économie, pour devenir une question sur la vision économique la plus convaincante pour les électeurs. Dans tout le pays et dans les État clés de ce duel, c’est le message du président qui semble résonner le mieux, ce qui l’aide à conforter son avance.